Documenté par des cas isolés depuis plus d’un siècle, la « lucidité terminale » a été baptisée comme telle par le biologiste allemand Michael Nahm en 2009. Depuis, les études à son sujet se multiplient sur cette thématique. Dans cette perspective, Renaud Evrard a dirigé à l’Université de Lorraine, en collaboration avec Marie-Frédérique Bacqué de l’Université de Strasbourg, la thèse de Maryne Mutis qui fut la première thèse réalisée sur ce sujet au niveau international.

Dans ce cadre, la lucidité terminale a été définie omme la récupération, totale ou partielle, des fonctions cognitives et/ou motrices d’une personne sur le point de mourir. La durée de cet état est très variable, tout comme l’intervalle de temps entre sa survenue et le décès. Il manque également des données concernant la fréquence à laquelle se manifeste ce phénomène, et sa distinction d’avec d’autres phénomènes similaires tels que la « lucidité paradoxale » (qui n’est pas pré-mortem). C’est pourquoi cette thèse de psychologie s’est concentrée sur une exploration phénoménologique des répercussions cliniques d’un épisode de lucidité terminale sur les proches du mourant ainsi que sur les professionnels de santé.

La lucidité terminale est particulièrement intrigante dans certaines situations où le contraste entre l’état lucide et l’état antérieur est criant : pathologies neuro-dégénératives, psychiatriques ou états comateux. Elle vient questionner directement la part du déterminisme cérébral dans l’expression du mental.

Nos recherches en ce domaine visent actuellement à développer une échelle d’identification de la lucidité terminale, permettant notamment sa discrimination d’avec la démence terminale. Nous souhaitons connaître les facteurs favorables et défavorables à sa survenue. Une étude rétrospective et une étude prospective multi-centrique sont en cours de préparation. Les aspects cliniques associés nous renseignent également pour l’accompagnement des proches et la formation des professionnels de santé quant aux fréquentes expériences aux frontières de la mort qui, dans le savoir commun, conservent trop souvent un statut informel et marginal.