Notre étude porte sur certaines théories, pratiques et expériences qualifiées d’occultes ou de paranormales, lorsqu’elles croisent l’univers de l’adolescence. Cette forme d’occultisme puise dans les marges du savoir pour dégager une vision de l’adolescence qui, si elle reste minoritaire, n’en est pas moins efficace dans l’appréhension de ce temps de la vie par les adolescents eux-mêmes et leur entourage.
Les catégories d’occultisme et d’adolescence sont mouvantes, renvoyant à un ensemble de dispositifs imaginaires. Après avoir cherché à les définir, nous illustrerons quelques exemples historiques de discours occultes relayés par des adolescents au XVIIIe siècle. Puis nous analyserons un exemple contemporain : celui des enfants indigo. Cet imaginaire actuel porte une revendication qui défie les institutions de la santé mentale ou de l’éducation, en prétendant que certains jenes seraient en fait des êtres plus avancés sur l’échelle de l’évolution, dont la mauvaise intégration découlerait de ce décalage.
Appréhender ces dispositifs imaginaires permet de faire une anthropologie clinique des pratiques culturelles et sociales qui épargnent au sujet d’avoir à prendre la parole en son nom. Sur le plan du diagnostic différentiel des épisodes psychopathologiques rencontrés à l’adolescence, l’exploration de ces dispositifs investis par l’adolescent et son entourage permet un meilleur repérage des solutions subjectives employées par le sujet pour faire face à certaines difficultés (Evrard, 2010b).