Clinique des expériences exceptionnelles : Fonctionnements limites et vacillements du Moi

Qu’est-ce qu’une « expérience exceptionnelle » ?

Dans cet article publié dans Le Carnet Psy (numéro 278, avril 2025), Thomas Rabeyron définit les expériences exceptionnelles comme des vécus rares — spontanés ou provoqués — dans lesquels le sujet ressent une interaction non ordinaire avec son environnement, générant des émotions intenses, tantôt positives, tantôt perturbantes. Il indique que près de 50 % de la population rapporterait avoir vécu au moins une de ces expériences.

Ces expériences se déclinent selon différentes formes : perceptions psi (télépathie, clairvoyance, précognition), visions ou apparitions, sorties hors du corps, psychokinèse, et bien d’autres.

Enjeux cliniques et psychopathologiques

Rabeyron insiste sur l’importance pour les cliniciens de reconnaître ces expériences : elles ne relèvent pas simplement du « paranormal », mais peuvent révéler des dynamiques psychiques profondes.

L’article explore comment ces vécus peuvent être liés à des « fonctionnements limites » du Moi : des zones de fragilité identitaire, des frontières entre le sujet et l’environnement qui se diluent, provoquant ce qu’il appelle des « vacillements du Moi ».

Ces phénomènes questionnent des concepts fondamentaux de la psychologie et de la psychanalyse, comme la perméabilité psychique, la symbolisation, ou encore la structure du moi. Ils ouvrent un terrain clinique complexe, entre souffrance psychique (quand l’expérience est mal intégrée) et potentialité de transformation symbolique.

Une clinique aux frontières

Par ce travail, Rabeyron propose un cadre clinique permettant non seulement de mieux comprendre ces phénomènes, mais aussi d’en élaborer l’accompagnement — une approche qui résonne fortement avec les missions du CIRCEE.