Arthur Koestler ou la quête de l’absolu sur France Culture

Interviention de Thomas Rabeyron dans le cadre d’une emission de France Culture dédiée à Arthur Koestler le 15 septembre 2018.

L’emission peut être écoutée ici :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-vie-une-oeuvre/arthur-koestler-ou-la-quete-de-l-absolu-1905-1983-1283519

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Arthur Koestler, écrivain hongrois, à la réputation controversée, s’est longtemps passionné pour la politique avant de se plonger dans la popularisation des sciences le menant à une réflexion philosophique sur les structures d’un réel à plusieurs dimensions.

Avec
  • Thomas Rabeyron Professeur en psychologie clinique
  • Roland Quilliot Philosophe
  • Uri Geller Illusioniste
  • Michel Laval Avocat, auteur
  • Patrick Straumann Journaliste, auteur

En 1937 pendant la guerre d’Espagne, comme je me trouvais en prison avec la perspective d’avoir à affronter le peloton d’exécution, je fis le vœu, si je sortais vivant, d’écrire une autobiographie sincère et où je me ménagerais si peu qu’à côté d’elle les Confessions de Rousseau et les Mémoires de Cellini paraîtraient pure hypocrisie… Arthur Koestler dans son oeuvre autobiographique.

Juif hongrois né à Budapest en 1905, il suit ses études dans une Vienne encore heureuse, puis devient journaliste en Palestine. Revenu en Europe, il adhère au Parti communiste allemand, trouvant là une réponse à la menace nazie. Il part un an en Union Soviétique, puis participe à la guerre civile espagnole. Dès 1938, ayant rompu avec le Parti communiste, il combat sans relâche le régime stalinien, notamment à travers son roman majeur, Le Zéro et l’Infini. Sans doute prisonnier d’une sorte de purgatoire intellectuel dans lequel l’a longtemps gardé une certaine intelligentsia marxiste, il incarnait le “renégat”, celui qui avait brûlé le communisme après l’avoir adoré. À partir de 1940, il vit en Angleterre, où il se suicide avec sa femme en mars 1983. Son oeuvre de romancier, philosophe, historien et essayiste lui vaut une renommée mondiale.

Arthur Koestler est l’homme de plusieurs vies, de plusieurs langues, de plusieurs pays, de plusieurs villes. C’est l’homme des “jusqu’au bout”. Michel Laval

Dans la seconde moitié de sa vie, l’odyssée intellectuelle prend le pas sur l’engagement politique. L’aventure n’en est pas moins agitée. Koestler écrit sur tout, le processus de la création, les effets de l’évolution sur le cerveau humain, le paranormal, la synchronicité… Il s’aventure à la frontière de la physique quantique et montre comment la parapsychologie est devenue scientifiquement respectable, rappelant qu’aux États-Unis on se servait de l’électronique pour expérimenter sur la psychokinésie et qu’en URSS, la télépathie était une discipline officielle de la recherche. Il aborde notamment la masse négative, les trous dans l’espace et le temps renversé, en tentant de se garder de tout matérialisme ou de crédulité superstitieuse.

Arthur Koestler à l'ouverture de la Galerie Mokum le 11 janvier 1969
Arthur Koestler à l’ouverture de la Galerie Mokum le 11 janvier 1969

– Eric Koch / Anefo / Wikimedia Commons

Arthur Koestler est l’homme des contradictions. C’est un idéaliste forcené, parfois insensé, que l’on peut trouver arrogant, il est allé jusqu’à se battre avec Albert Camus. Il oscille constamment entre enthousiasme et dépression, le tout avec une agitation permanente. Roland Quilliot

Enfin sa puissante trilogie Génie et folie de l’homme s’interroge sur le processus de la découverte scientifique. Il y remonte l’histoire des conceptions de l’Univers, et démontre comment la scission entre science et religion a placé l’humanité devant un tragique dilemme dont elle doit sortir. Puis à travers l’orgueil joyeux de l’inventeur, du poète, du clown, de l’enfant, il montre que création artistique, découverte scientifique ou encore inspiration comique se situent dans la même structure fondamentale qu’il nomme “l’acte bisociatif” :  le bond novateur qui, en reliant soudain des systèmes de référence jusqu’alors séparés, nous fait vivre ou comprendre le réel sur plusieurs plans à la fois. Mais après avoir montré les fins rouages de cette créativité, de ce sens de l’inspiration qui font la grandeur de l’homme, il analyse les misères de l’individu, la pathologie mentale, et conclut sur l’évolution du cerveau de l’espèce humaine avec une théorie de la structure de la réalité.

Un documentaire produit par Lydia Ben Ytzhak, réalisé par Philippe Baudouin, prise de son : Thibaud Nascimben, mixage de Julien Doumenc, traduction de Michel Zlotowski, documentation Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. 

Archive INA sélectionnée par Christelle Rousseau : Arthur Koestler, interviewé par Eric Laurent, dans l’émission Un homme témoin de son temps, en juin 1973 sur France Culture :

Arthur Koestler enc compagnie de Jean Vilar et le journaliste Louis Ollivier
Arthur Koestler enc compagnie de Jean Vilar et le journaliste Louis Ollivier

© Radio France – Antoine Ollivier

Lectures de Frédéric Cerdal.

Avec  :

Michel Laval : auteur de la biographie L’Homme sans concessions aux éditions Calmann Levy

Roland Quilliot : philosophe, auteur de De la désillusion tragique au rêve d’une nouvelle synthèse aux éditions Vrin

Patrick Straumann : journaliste, auteur de Lisbonne ville ouverte aux éditions Chandeigne

Thomas Rabeyron : Professeur de psychologie clinique

Uri Geller : illusionniste