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Renaud Evrard est intervenu le 25 novembre 2010 à un colloque organisé par le CNAM à Angers, et intitulé "Imaginaires, savoirs, connaissance".
L’adolescence et l’occultisme sont donc des catégories mouvantes, délimitées de façon arbitraire, qui émergent de façon parallèle au milieu du XIXe siècle. Elles vont se façonner l’une et l’autre pendant des décennies, déterminant des visions de l’adolescence comme « âge métaphysique » (chez Comte), comme temps de la médiumnité, de la lucidité magnétique ou encore du « poltergeist ». Au cours du XXe siècle, de nombreux phénomènes dits « paranormaux » seront attribués à la figure de l’adolescent, du fait de ses constitutions physiologique et psychologique marquées du sceau de « la crise ». Aujourd’hui, l’intérêt d’une majorité d’adolescents pour l’occultisme, comme théorie et comme expérience, se lit dans les statistiques de divers sondages, au point de l’élever au rang d’une banalité (Boy, 2002 ; Coulombe, 2003). Après les « mini-Geller » des années 70, émules juvéniles du prestidigitateur Uri Geller, découvrant leurs « dons » après le passage à la télé de cet homme qui prétendait tordre des cuillères ou arrêter des montres par la pensée, on observe aujourd’hui le phénomène des « enfants indigos ». Ces derniers représenteraient une nouvelle génération de l’humanité, des « mutants » comme le suggère toute une littérature, qui nécessitent une prise en charge éducative spéciale, mélange d’instruction pour surdoués et de pratiques New-Age, à l’image de l’école des sorciers d’Harry Potter. Ces quelques exemples pourraient être compris dans une trame historique d’un discours différent sur l’adolescence, effet d’un questionnement social. A la surpathologisation de l’enfance et de l’adolescence, symbolisée par l’usage de la Ritaline pour faciliter la réussite scolaire, répondent de nouvelles références culturelles qui passent par l’imputation à l’adolescent d’un « devenir » nouveau. La question qui se pose est de savoir pourquoi l’adolescent est l’une des préoccupations des thématiques occultistes, et comment ces références culturelles peuvent être mises en rapport avec des temps de transformations sociales. Faut-il voir dans ce phénomène une envie de faire porter ces transformations par les jeunes ? Au contraire, faut-il entendre ces engouements pour l’occultisme adolescent comme une peur panique de la transformation en cours de la société ? Peur de l’avenir, du nouveau dont l’adolescent serait le porteur imaginaire.
Ce résumé a été publié dans les "résumés des communications" et le texte associé à cette communication est intégralement disponible (pour les personnes ayant un identifiant) sur http://ouest.pleiad.net/. Elle pourrait prochainement être publiée dans les actes du colloque.