Expérience de mort imminente sous kétamine à Liège : une reconnaissance médiatique et scientifique croissante
Une expérience de mort imminente sous kétamine documentée au CHU de Liège
Dans un article publié le 25 novembre 2025, Le Monde relaie un cas clinique d’expérience de mort imminente (EMI) survenu dans un contexte médical d’extrême urgence et récemment publié dans la revue Brain and Behavior. Il s’agit d’une patiente belge de 73 ans, atteinte d’une bronchopneumopathie obstructive chronique (BPCO) sévère, retrouvée inconsciente à son domicile et admise en urgence après une détresse respiratoire majeure.
Lors de l’intubation préhospitalière, une dose accidentellement très élevée de kétamine (7 mg/kg, soit plus de deux fois la dose usuelle) est administrée en bolus intraveineux. L’intervention s’accompagne d’une hypoxie sévère, d’une hypercapnie marquée et d’une bradycardie importante. La patiente est ensuite admise au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Liège, où elle est ventilée pendant vingt-quatre heures, hospitalisée une semaine en réanimation puis sept jours en pneumologie, avant de regagner son domicile.
Deux semaines plus tard, alors qu’elle s’apprête à quitter l’hôpital, son vécu subjectif est repéré et investigué par les médecins du Coma Science Group de l’Université de Liège, une équipe internationalement reconnue pour ses travaux sur les états de conscience altérés. Deux entretiens semi-structurés sont réalisés (à J14 puis à J75), incluant l’échelle standardisée NDE-C, sur laquelle la patiente obtient un score de 34/80, au-dessus du seuil définissant une expérience de mort imminente.
La patiente décrit une expérience profondément positive, marquée par des perceptions lumineuses, un sentiment intense de paix, une sensation de passage et, lors du premier entretien, une expérience de sortie hors du corps. Elle évoque également la perception persistante d’une présence bienveillante, vécue comme protectrice et accompagnante, ainsi qu’une diminution marquée de la peur de la mort, éléments fréquemment rapportés dans la littérature sur les expériences de mort imminente. Le suivi met en évidence une évolution du contenu mnésique dans les semaines suivant l’événement, certains éléments s’atténuant tandis que d’autres émergent, tout en maintenant un score global élevé. L’expérience s’accompagne de changements psychologiques durables, rapportés comme bénéfiques (augmentation du bien-être, empathie accrue, modification du rapport à la mort), sans retentissement psychopathologique négatif.
Les auteurs soulignent que cette EMI s’inscrit dans un contexte biologique et pharmacologique complexe, associant hypoxie, hypercapnie, bradycardie et administration massive de kétamine, anesthésique dissociatif antagoniste des récepteurs NMDA. Ils insistent sur l’impossibilité de dissocier formellement les effets du médicament de ceux liés à l’état physiologique critique, tout en rappelant les fortes analogies phénoménologiques entre les effets de la kétamine et les EMI.
La médiatisation de ce cas par un quotidien de référence témoigne d’une ouverture croissante du champ médical, neuroscientifique et médiatique à l’étude rigoureuse des expériences exceptionnelles vécues en contexte de soins critiques, et souligne l’importance de leur reconnaissance clinique et de leur prise en compte dans le suivi des patients.






